She shoots, she scores ♣︎ Quinn Thane

Un accident. C’était un mot étrange que son entourage composé de grandes personnes ne cessait de répéter. Des oncles, tantes, cousins, hommes élégants vêtus de chapeaux noirs, des visages que la petite Quinn ne reconnaissait pas. Elle ne comprenait pas tout à fait ce que ça signifiait, et pour tout avouer, elle ne s’en serait pas tant souciée, si ce n’était de la mine abattue et désemparée que présentait son frère. On aurait presque dit que Quinn avait encore gagné une partie de cache-cache. Mais en plus grave?

Après un voyage, qui sembla être aussi long que le discours d’un adulte expliquant des consignes, Jakob et sa cadette, suivis d’un cousin bizarre d’Allemagne (un certain monsieur Egon), débarquèrent dans un coin reculé de Bavière. La pluie pianotait sur les feuilles des buissons ; le ciel était terne, cependant, la demeure de campagne devant laquelle ils se trouvaient ne perdait pas de son charme. « Tâchez de ne pas vous perdre dans le jardin ou la maison ; ils sont plus grands qu’ils n’y paraissent, » fit le curieux monsieur qui les suivait. Entraînant d’une main Jakob vers la maison, elle se glissa à travers le cadre de porte. La demi-vélane s’immobilisa instantanément en entrant, yeux émerveillés. C’était immense? Son frère n’y offrit que peu d’attention, allant porter ses bagages.

Après le dîner, la petite Quinn Thane s'était précipitée dans l'énorme jardin de Bavière, en criant à son frère de venir la rejoindre pour une partie de cache-cache. Ce dernier l’avait ignorée. Le fait était qu'elle ne se laissait pas de ce jeu ; elle gagnait toujours, et, soyons honnêtes, elle adorait gagner. L'abondance de fleurs, la masse de bosquets et la légion d'arbres feuillus assuraient un environnement parfait pour sa silhouette qui pouvait facilement s'y tapir. C'est ainsi qu'elle passa toute la journée à courir, tel un lapin pressé par le temps, sans jamais ne laisser le changement de décor lui ronger son ravissement. Lorsqu’il fût le temps de rentrer, une inquiétude naissante se fit dans l’esprit de la cadette Thane ; ses parents n’étaient toujours pas revenus. Ce qui ne pris que quelques minutes à réaliser à Jakob, demanda toute une journée pour habiter les pensées de la plus jeune : ses parents ne reviendraient pas. « Maman et papa sont partis, Quinn. Ils ne reviendront pas. » La pauvre enfant se recroquevilla entre les fleurs et se mis à verser des larmes. C’est Egon qui la retrouva toujours tapie au sol, au crépuscule.

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Le temps s'écoulait lentement. Très lentement, trop lentement. Les moments passés à l'arrêt de bus lui semblaient toujours interminables. La Bavière et ses paysages interminables manquaient à Quinn Thane, arrivée à Londres. Elle avait laissé derrière ses journées de cache-cache, ses nuits passées sur le dernier étage dans le hangar de la bibliothèque, et son frère.

Elle rêvassait ainsi près d’un étrange moustachu avec qui monsieur Egon l’avait laissée, observant les gouttes grises qui balayaient le pavé. Alors qu'elle s'affairait à songer à ses rêves et à ses souvenirs, un éclair violet, vif et mordant, lui embruma les prunelles. Quinn jura que c'était un autobus élevé de trois étages, le quart de seconde avant qu'il ne disparaisse après un coin de rue. « Trop bizarre l’autobus, vous avez vu?! » s’enquit la demi-vélane, ne décrochant au départ qu’un soupir exaspéré de la part du moustachu. Elle examina longuement son vis-à-vis, qui la dévisagea, en lui assurant que les autobus trois étages n’existaient pas à Londres. La jeune fille grimaça, puis se jeta dans une argumentation sans fin, protestant que la machine de métal était absolument impossible à manquer, même d’un regard.

Quelques jours plus tard elle s'était presque convaincue qu'elle avait rêvé, si ce n'était de cette étrange lettre qu'elle venait tout juste de recevoir d'une école dont elle n'avait jamais entendu parler. Les péripéties insolites s'étaient multipliées à Londres, des bouleversements qu'elle n'arrivait plus à expliquer. Au même moment, pour couronner la saison des évènements singuliers, un cousin lointain d'Allemagne lui rendit visite, promettant que monsieur Egon l’avait chargé de passer un message à Quinn. Celui-ci lui déballa toute une histoire de "demi-vélane", de style "ne-répète-pas-ça-à-ton-frère”.

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La jeune Gryffondor de deuxième année se hâtait vers le château, son balai sous le bras, sa risette inépuisable et son emballement impavide. Ces quelques heures passées sur son balais à faire des tours dans l'endroit le plus désert lui avaient offert des prunelles amusées et ravies. Il était dommage de ne plus avoir droit à des leçons de vol ; malgré tout, Quinn appréciait toujours autant cette discipline et dès qu'elle le pouvait, elle s'isolait près du terrain de quidditch pour s'imaginer qu'elle venait tout juste d’attraper un vif d’or.

Alors qu'elle cheminait, insouciante, vers son cours de divination (qui n'était pas celui où elle était le plus douée, il faut le dire), elle s'arrêta près d'un élève qu'elle cru reconnaître comme étant un première année. Elle le contempla un instant, interdite, puis se décida enfin à le rejoindre car il semblait préoccupé, et blessé. Les couleurs de Serpentard lui importaient peu, elle paraissait simplement inquiète à l'idée que ce jeune étranger puisse être affligé ou attristé. Heureusement, il ne l'envoya pas promener, jugeant plutôt qu'il pouvait se confier à une inconnue Gryffondor - à la plus grande joie de celle-ci. Quinn lui fit un discours optimiste sur le fait que tous les soucis la craignaient et que bientôt les siens s’enfuiraient. Ainsi, elle confectionna un bandage un peu raté pour soigner la coupure sur le doigt du garçon, mais dû rapidement s'arracher à sa compagnie pour ne pas arriver en retard à son cours (ce qu'elle toutefois fit, causant un retrait de points à sa maison et, forcément, les foudres de ses coéquipiers).

En déambulant le couloir menant à son cours, à la grande course, elle réalisa que l’école n’était plus aussi sécuritaire qu’avant ; les élèves revenaient plus souvent avec des blessures qu’avec des amis ou des sourires de bonne humeur. Son visage fit la moue un instant, puis la Gryffondor se promis de toujours dénoncer les injustices, avant de passer la porte pour entrer dans sa classe de divination.