Tu mens comme tu respires || Karen

Mentir peut devenir tout un art lorsqu’on ressent le besoin de cacher quelque chose au monde entier. Ma vie est un éternel mensonge que personne n’a su percer à jour parce que j’ai bâti monts et rivières autour de ce que je suis réellement et jamais un masque aussi perfectible que le mien n’a su quitter mon visage. Je suis née parmi les hommes et les femmes qui n’ont aucune connaissance de la magie, j’ai dû affronter crise de nerfs des professeurs et incompréhensions des élèves lorsque je venais à perdre le contrôle de mes soi-disant dons.

J’ai donc appris de manière parfaitement autonome à me construire un univers et à y placer les personnes dont l’importance était cruciale pour ma survie. Je suis le calme et la tempête, on ne sait où je vais aller ou sur qui je vais crier. J’ai toujours eu cette horrible manie de me contenir pour le bien des autres, mais je ne peux garder éternellement mes rancœurs et lorsque j’explose, le sang coule dans le caniveau. Je déteste cette colère et cette haine que je peine à contrôler.

Pourtant, je me montre si douce et compréhensive auprès de ma fille et de ceux qui le méritent. Je les écoute et tente de leur offrir de meilleurs lendemains. La cruauté me donne envie de vomir et pourtant je dois jouer le jeu, faire semblant de l’idolâtrer, m’attirant les foudres de nombreuses personnes. Je n’ai pas peur de la ruse ni même de la violence quand il s’agit de protéger une personne importante à mes yeux. Je sais me faire comprendre et me faire écouter, je possède un charisme que je juge satisfaisant.

Je ne perds plus mon temps à séduire depuis la mort de mon mari, j’aime la compagnie et la recherche dans le sens où l’affection me permet de tenir bon et de ne pas me vendre à ses chiens. Il faut un mental d’acier pour ne pas flancher face aux massacres auxquels j’assiste. Parfois j’y participe par simple devoir de couverture.

Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Chaque page referme un secret, un passé difficilement acceptable. Chaque ligne vous montre le véritable caractère de la personne et les ambitions de toute sa vie. Avant tout ceci, je souhaitais sauver le monde, l’améliorer au travers de recherches scientifiques. Et voilà où j’en suis maintenant, une femme au masque cruel qui ne cesse de mentir pour protéger les siens.

J'ai toujours su que je n'étais pas faite pour une vie tranquille au sein d'une famille aimante. Il y avait comme une sorte de barrière entre mes parents et la drôle d'enfant que j'étais.Je ne parle en rien de disputes ou de désaccords, mais mon père et ma mère peinaient à me comprendre tant dans mon langage que dans mes actions. Je ne cessais de parler de dons et de choses étranges sans qu'ils ne puissent avoir de preuves. Heureusement ou malheureusement, tout dépend du point de vue, ma professeure a avait fini par les convoquer quand l'un de mes camarades avait fini la tête coincé dans un seau pourtant scellé. Complètement déboussolés, ils avaient pris la décision de me changer d'école et de m'éloigner de mon petit frère, vous comprenez, il ne fallait pas le pervertir. Mon enfance n'était en soin pas palpitante et agréable pour la gamine perdue que j'étais.

Et quelle surprise! Une lettre que je finis par recevoir, une libération.Mes parents avaient tout d'abord refusé de m'envoyer dans un endroit pareil,
puis il y eut fallu que je me mette à hurler de toutes mes forces pour qu'ils finissent par craquer. Poudlard et la maison Serdaigle furent une véritable libération pour la grande curieuse que j'étais. Durant toute ma scolarité, je m'étais montrée curieuse et attentive à chaque cours et à chaque personne qui m'entourait. Notamment à Jérémy, ce merveilleux homme qui avait fait de moi la plus heureuse des femmes. Il était si attentionné et admirable dans ses actions, mais... Non je ne veux pas pleurer. Je n'avais pas fait attention aux rumeurs de complot qui se créaient au sein de la cour de Poudlard et je le regretterai toute ma vie.

Je suis rapidement tombée enceinte et Jérémy m'a tout de suite prise pour femme lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. Diplôme en poche,j'ai pris la décision de me lancer dans des études magiques qui me permettraient de comprendre les sorts et d'en créer de nouveau, des études périlleuses et particulièrement difficiles pour une femme enceinte. J'ai obtenu mon diplôme de justesse, je devais jongler entre vie maternelle et études. Jérémy a pris les devants et est devenu père au foyer pour mes beaux yeux.

J'ai été rapidement embauchée et la vie semblait entrer dans un cour d'eau tranquille et paisible. Jérémy et ma chère Elizabeth se portaient comme de véritables petits anges alors que je rentrais exténuée de mes journées. Une routine s'est installée et je ne m'en suis jamais plainte.Mes parents ont péri tout deux dans un accident de voiture lors de cette merveilleuse année, j'ai refusé de me rendre à leur enterrement, je portais désormais un tout autre nom de famille.

Puis un beau jour, alors que je me baladais avec mon mari et ma fille,la vie se décida à prendre sa revanche. Je n'ai pas exactement les idées claires à ce sujet, mais un lycanthrope nous a agressé, sûrement pour notre argent. Elizabeth était en grand danger et j'étais prête à y laisser ma vie pour l'épargner. Une morsure au bras  et la tête contre le pavé
furent ma seule récompense, je pouvais sentir le sang poisseux contre mon cuir chevelu et ma joue. Jérémy fut tué sur le coup, un coup de griffes en pleine gorge. Je l'ai vu agoniser devant mes propres yeux, incapable de bouger. Les aurors sont heureusement intervenus à temps pour nous maintenir en vie, ma fille et moi.

Je n'ai pas pu assister à l'enterrement de mon mari, on m'a cloué dans un lit d'hôpital pendant des mois. J'ai assisté au retour de Voldemort sous mes couvertures. J'étais terrifiée à l'idée qu'il puisse s'en prendre à ma famille. J'ai entendu des centaines de rumeurs concernant le sort réservé aux né-moldus et à leurs enfants. On m'a administré des calmants, mais on ne pouvait rien faire concernant la lycanthropie,me voilà louve-garou pour le restant de mes jours.

J'ai rapidement rendu visite à mon frère pour lui donner un coup de baguette magique; un oubliette rien de plus. Lui-même en concubinage avec un autre homme, il ne portait plus le nom de mes parents. J'ai ensuite brûlé tous les dossiers qui me reliaient à ma vie d'ancienne moldue, puis j'ai brûlé la maison familiale. Je savais que ça ne suffirait pas à éradiquer toutes les preuves, mais que ça ralentirait leurs recherches à mon sujet. J'ai aussi supprimé mon contrat de mariage et oublietté le prêtre qui nous avait uni.

Concernant la meute de Greyback, j'ai d'abord pris le temps de me faire connaître en tabassant tous les sang-mêlés et autres né-moldus qui me tombaient sous la main. Je suis en quelque sorte devenue une raffleuse le temps de quelques semaines. J'ai finalement réussi à entrer en contact avec cette meute et suis tombée nez à nez avec celui qui m'avait mordu. J'ai bien cru me faire tuer sur le coup, heureusement,il ne se souvenait plus de moi. Je devais tout faire pour protéger ma fille de ces sauvages alors j'ai endossé le rôle de tueuse pour la garder en sécurité. J'ai énormément de sang sur les mains et chaque mot qui sort de ma bouche est quasiment un mensonge. Je suis partisane, mais je sais qu'ils ne vont pas tarder à connaître mon réel statut. Je ne ferai pas tomber le masque, je garderai la tête haute pour Elizabeth. Jérémy doit tellement me haïr désormais.