Comment annoncer ça ? [Roàn]

Inishark, île au large de l'Irlande — 1991

Inishark. Elle y est déjà allée, quelques fois, invitée par les jumelles... plus par Roàn en fait, mais tout ça... ça n’a plus d’importance. Parce que là sous ses yeux il y avait un massacre. C’est tellement horrible de voir ces gens qu’elle connaissait, de voir une de ses amies dans cet état. Les questions se bousculent dans la tête de Siarl. Et il y a surtout cette question, la plus importante, la pire question... comment le dire à Roàn ? Comment lui dire que sa famille a été massacrée ? Comment lui dire que Siobhan est morte ? Elle a déjà dû annoncer le décès d’un proche à quelqu’un, ça fait partie du métier, ça arrive. Mais là... c’est à Roàn qu’elle va annoncer ça. Et elle ne sait pas comment faire, commet lui dire ça ?

Elle sait qu’on a dit à Roàn de se rendre à Inishark, alors elle laisse les collègues sur les lieux du massacre et elle se rend devant le portail. Pour attendre Roàn. Pour qu’elle ne soit pas seule pour rentrer, pour qu’elle ne soit pas seule devant les corps de sa famille.

« Je veux m’occuper de l’affaire. » Dit Siarl à un de ses collègues. Elle veut s’en charger, elle veut trouver qui a fait ça, elle veut les envoyer à Azkaban. Elle veut... tout faire pour que ceux qui ont fait ça paient pour leur crime. Elle les a vu les corps, elle a vu ce qu’ils ont fait à Elwyn et son bébé, au mari d’Elwyn, à Gawain, à la mère de Roàn, à Siobhan. Elle a vu ce qu’ils ont fait à Eddrad. Elle n’entend pas vraiment la réponse de son collègue, elle voit à peine le hochement de tête. Siarl ne fait plus attention à ses collègues ni à ce qui l’entoure, elle attend juste que Roàn arrive. Cherchant ses mots, cherchant comment lui dire. C’est peut-être la chose la plus difficile qu’elle va faire de toute sa vie.

Inishark, île au large de l'Irlande — 1991

Elle est là, elle vient d’arriver Roàn, et Siarl ne peut pas détacher son regard de son amie. Et Siarl ne sait toujours pas ce qu’elle peut dire, alors que Roàn arrive devant elle, elle tente de lui faire un sourire mais ça tient plus d’une grimace qu’autre chose. Elle ne sait pas quoi dire, elle est comme incapable de dire un mot. Ce n’est pas la première fois qu’elle voit des personnes mortes violement. Mais cette fois c’est pire, parce qu’elle connait les victimes, parce que c’est la famille de Roàn. Et c’est difficile de faire face à ça. « Roàn... » Murmure-t-elle, en tendant la main pour la poser sur l’épaule de son amie, un geste de réconfort un peu dérisoire, pendant que Roàn lui demande « où est elle ? » et Siarl sait de qui elle parle.

« Je suppose que ça n’est pas la peine de te demander si tu es sûre ? » Lui dit-elle, elle la connait bien, elle sait bien que ça n’est pas la peine de lui demander. Et que ça n’est pas non plus la peine de tenter de la convaincre de ne pas aller voir. « Viens... je reste avec toi. » Parce qu’elles sont amies, parce qu’elle ne peut pas la laisser seule à cet instant, parce qu’elle ne pourra pas la laisser affronter ça seule. Siarl prend une grande inspiration et emmène Roàn, gardant la main sur son épaule pendant quelques minutes, pour lui montrer qu’elle est bien là et qu’elle ne la laissera pas.

« Je vais trouver ceux qui ont fait ça. » Dit-elle tout en avançant. Elle a conscience qu’elle n’a pas à faire d’affirmation pareille, en théorie, mais elle ne va pas lâcher l’affaire jusqu’à ce qu’elle ait trouver. C’est qu’elle est déterminée Siarl. Et là elle l’est encore plus.

Inishark, île au large de l'Irlande — 1991

Elle ne peut pas comprendre ce que ressent Roàn en ce moment, parce qu’elle n’a pas perdu sa famille. Sa famille, ses parents du moins sont toujours en vie, mais elle n’a plus de contact avec eux, à cause de sa culpabilité. Alors non, elle ne peut pas comprendre, mais elle sait qu’elle sera là pour soutenir son amie. Elle sera pour elle. Et elle sait qu’elle va tout faire pour trouver les coupables. Lorsque Roàn lui dit qu’elle n’est pas sûre, mais qu’elle doit le faire, Siarl hoche la tête. Ça elle peut comprendre. Autour d’elles il y a des chuchotements et Siarl distribue quelques regards noirs, c’est agaçant, même si elle tente de ne pas prêter attention à ce qu’elle peut entendre vaguement.

Et de toute façon même si Roàn ne veux pas qu’elle le fasse, parce qu’elle est Auror, parce qu’elle doit faire son travail aussi. Même si elle n’en pas forcément envie, même si elle sait que ça sera compliqué, même si elle sait que leur hiérarchie ne sera pas forcément d’accord, parce qu’elle connaissait tout le monde ici. Mais ils la connaissent, ils savent qu’elle fera son travail sérieusement. Et elles avancent vers le manoir, Roàan veut savoir ce qu’elle sait et Siarl hésite un peu, normalement elle n’a pas le droit, mais tant pis elle va lui expliquer et, elle n’a pas le temps de répondre, la question, brise le silence. Où est sa tête ? Siarl sait de quoi parle Roàn, bien sûr, tout les Auror, les médicomages présent ici le savent.

« Elle a été déposée au ministère. » Répond Siarl à mi-voix. Parce qu’elle n’ose pas parler plus fort. Puis, elle secoue un peu la tête, et elle regarde Roàn. « Pour le moment je ne sais pas grand-chose. On a trouvé la tête de ton père au ministère, et je suis venue ici directement. Mais je ne peux pas te dire grand-chose, pour l’instant il n’y a pas grand-chose à dire... » Malheureusement, elle ne peut pas en dire plus, mais heureusement qu'elle n'a pas plus à dire parce que c'est difficile. Plus difficile que tout ce qu'elle a fait depuis qu'elle est Auror. Elle a l’impression que les attaquants n’ont pas fait qu’utiliser la magie, un tel massacre, ça n’est pas uniquement due à la magie.

« Viens... » Elle décide d’aller plus loin, lentement, elle ne sait pas comment aborder le sujet, comment dire à Roàn que Siobhan fait elle aussi partie des victimes.

Inishark, île au large de l'Irlande — 1991

Elle parle, elle explique le peu qu’elle sait pour le moment, il n’y a pourtant pas grand-chose à dire. Les autres autour font leur travail, sans approcher. Bien sûr, normalement, elle devrait pas donner d’information, ça n’est pas ce qu’il faut faire. Mais c’est Roan, et elle est plus importante que la façon de faire normale. De toute façon cette affaire ne sera pas comme une affaire normale. Quand Roan dit que c’est Greyback, en disant que son père enquêtait sur lui, Siarl hoche la tête. Effectivement, elle avait entendu parler de cette enquête. « Je sais pour l’enquête. » Même si elle est persuadée que ce massacre est signé Greyback ou certains des siens, elle ne peut pas l’affirmé sans preuve.

Roan lui dit qu’elle compte sur elle et Siarl hoche de nouveau la tête. « Je serais à la hauteur. » Et elle se jure de tout faire pour arrêter le responsable, Greyback. Elle reste un instant silencieuse. Elle sait bien que Roan a comprit depuis le début, que personne ne s’en est sorti, alors elle n’est pas surprise que Roan lui dise qu’elle a besoin de la voir, et elle n’a pas besoin de précision non plus. Elle sait de qui elle parle, et elles continuent de marcher.

Siarl ne peut que reste figée, devant son amie en train de serrer le corps de sa jumelle contre elle. Elle ferme les yeux un instant, dans le vain espoir que ça ne soit qu’un cauchemar, même si ses cauchemars concernent en général son frère, quand elle les rouvre Roan est toujours dans la même position. Elle s’agenouille à côté de Roan, sans dire un mot, sans chercher à la faire lâcher Siobhan, et elle pose juste une main sur l’épaule de son amie la serrant légèrement.